Un Jour, J’ai Sauvé Une Vie… Avec Une Phrase.
- francisbielak

- 13 oct.
- 6 min de lecture
Salut la Team Décryptage !
Je ne sais pas ce qui est le plus fatigant : esquiver un coup de poing dans une allée sombre, ou passer deux heures à convaincre un stagiaire que non, le coup de pied retourné n'est pas la solution à 99% des problèmes. (Indice : la solution est généralement un bon vieux « Dégage ! » ferme, mais ce n'est pas le sujet du jour.)
Aujourd'hui, je veux vous parler d'une histoire. Une histoire qui m'a rappelé pourquoi j'ai passé plus de vingt ans à me faire des nœuds au cerveau pour déchiffrer ce qui se passe entre les lignes. Et, par la même occasion, pourquoi je suis ravi de chroniquer la sortie du livre « La synergie entre communication et self-défense ».
Ce titre, c’est tout un programme. On parle souvent de self-défense comme d'une histoire de muscles, de techniques de poing et de clés de bras. C’est vrai, bien sûr. Mais si vous lisez mon blog, c'est que vous avez compris que la self-défense ultime, c'est celle qui vous évite d'avoir à sortir le 4e Dan.
Et là, mes amis, on tombe dans mon jardin secret : le Mentalisme Appliqué à la Sécurité.
L'Élégance de l'Anticipation (ou Comment Éviter de Se Salir les Mains)
Je me souviens d'une blague qu'on faisait dans le Groupe : « Un bon instructeur, c'est celui qui résout un conflit... en annulant le rendez-vous. » C’est idiot, mais ça cache une vérité profonde. Mon Buyer Persona – l'entrepreneur, le pro de la sécurité, le cadre qui gère des équipes en crise, ou le simple citoyen qui veut se sentir armé de l'intérieur – il ne veut pas juste se battre. Il veut gagner.
Et gagner, c'est souvent faire en sorte que l'adversaire (qu'il soit une menace physique ou un type qui hurle à un guichet) choisisse lui-même de ne pas aller au conflit.
Imaginez un instant que vous soyez un champion d'échecs. Votre adversaire ne connaît que la force brute et ne voit que le prochain coup direct. Vous, vous voyez cinq coups à l'avance, et surtout, vous voyez ce qu'il ne voit pas : sa propre faiblesse, son émotion, l'angle mort de son attention.
C'est là que la communication entre en scène comme le plus redoutable des coups de pied retournés. Sans l'ombre d'un doute, une bonne phrase vaut 1000 heures de pratique de Krav Maga. Bon, je dis ça, mais continuez à vous entraîner, hein. On ne sait jamais.
Le Drame dans l'Aquarium de Verre : Mon Jour en Détention
L'histoire que je vais vous raconter est tirée du chapitre sur la désescalade verbale du livre . C'est une histoire qui s'est déroulée dans le milieu carcéral. Et croyez-moi, si vous arrivez à gérer un conflit dans ce genre d'environnement, vous pouvez gérer la queue du supermarché un samedi après-midi.
J’étais là pour une mission de formation – ou, comme j'aime l'appeler, un « déminage du cerveau » grandeur nature. Je devais analyser des situations de crise et former les personnels à la gestion de la violence et de la communication de crise. Un exercice de mentaliste sur fond de béton armé. Le rêve.
Ce jour-là, la tension était palpable comme la première heure d'un stage de survie. Un détenu – appelons-le Goliath (parce qu'il faisait la taille d'une armoire normande et avait la patience d'un guépard affamé) – était en pleine phase de montée en pression avec un de ses gardiens.
Goliath était furieux. Son visage, que j'analysais en mode scan, montrait tous les signes de la fureur imminente : tension des mâchoires (prêt à mordre, même verbalement), l’angle des épaules vers l'avant (prêt à charger), et surtout, ce que j'appelle « l'œil du tunnel » – il ne voyait plus que sa propre frustration.
Le gardien, jeune, appliquait le protocole à la lettre. Et c'est là que le protocole devient le meilleur ami de l'escalade : la logique contre l'émotion.
Le gardien : « Monsieur, vous devez reculer. Si vous ne reculez pas, je devrai faire appel au renfort, ce qui entraînera une sanction. » (Logique, légal, mais 0% humain.)
Goliath : « Je m'en fous de ta sanction ! Je te dis que... » (Le niveau de décibels augmentait, et l'onde de choc émotionnelle commençait à contaminer toute l'aile.)
C’est là que j'ai senti mon propre instinct d'intervention me picoter le dos. Je suis entré dans la bulle de tension. Je n'étais pas le gardien, j'étais l'observateur. C'est une position de force en mentalisme : on ne vous attend pas.
J'ai ignoré le gardien. J'ai ignoré le règlement. J'ai ignoré la menace physique évidente de Goliath. J'ai fait une seule chose : j'ai ciblé son besoin primaire.
L'Intervention du Mentaliste : La Phrase Qui Tue (L'Escalade)
Je me suis positionné non pas en face de lui, mais légèrement de côté (pour ne pas paraître menaçant, mais pouvoir réagir au quart de seconde – le 4e Dan ne prend jamais de RTT).
Je l'ai regardé, et au lieu de le menacer, de le raisonner, ou de lui demander de se calmer (la pire erreur !), je lui ai servi ceci, avec un ton qui se voulait neutre, mais avec une pointe d'empathie sincère :
« Je vois que c'est important pour toi. »
Tic Tac. Le silence. C'était la bombe atomique de la communication.
Le cerveau de Goliath était prêt à entendre : « Arrête, recule, tu vas le payer, respecte. » Mon cerveau, entraîné à décoder, lui a envoyé : « Je te vois. »
Sa posture a vacillé. Ce n'est pas qu'il s'est calmé d'un coup. C'est qu'il a été pris au dépourvu par la reconnaissance de son émotion. C'est le coup de génie du mentaliste : perturber la trajectoire prévue par l'adversaire.
Goliath a mis quelques secondes à traiter l'information. Ses épaules ont légèrement baissé. Son regard est sorti du « tunnel ».
Il a murmuré : « ... Bien sûr que c'est important. C'est pour ma femme. »
Et la suite, mes amis, n'a été qu'une discussion. J'ai pu le faire parler. J'ai pu l'accompagner, pas le contraindre. J'ai sauvé une vie, ou du moins une émeute, une sanction grave, et la journée du jeune gardien. Avec une seule phrase.
Pourquoi Ça Marche : Le Secret pour Votre Buyer Persona
Alors, pourquoi cette histoire vous est-elle utile, à vous, mon Buyer Persona qui naviguez entre réunions tendues et nécessité de défendre vos idées (ou, occasionnellement, vous-même) ?
Le Besoin de Reconnaissance : L'Arme Ultime. Peu importe qu'il soit un détenu furieux, un client mécontent ou un collègue qui vous attaque en réunion : l'être humain veut d'abord être vu et reconnu dans son émotion. Si vous reconnaissez l'émotion (« Je vois que c'est important »), vous désamorcez la bombe. Vous validez l'homme derrière la fureur. Le problème peut être discuté après.
L'Interruption de Pattern : Le Jeu du Mentaliste. La violence verbale ou physique est un pattern. Une routine. On crie, l'autre crie, ça monte. En sortant la phrase neutre qui reconnaît l'émotion, vous cassez le script. C'est comme si j'étais en train de faire un tour de magie, et qu'au lieu de sortir un As, je sortais une banane. C'est la surprise qui crée l'ouverture.
L'Économie de Force. En self-défense, je l'ai dit, le plus beau combat est celui qu'on ne fait pas. En communication, c'est la même chose. En dépensant une infime quantité d'énergie émotionnelle (« Je vois... »), j'ai économisé le déploiement de force physique, de renforts, et les dégâts collatéraux. C'est la gestion de conflit en mode low-cost et high-yield.
Le Mot de la Fin : Lisez le Livre !
Cette histoire, et bien d'autres stratégies dignes de la CIA (mais applicables au quotidien), sont décortiquées dans le nouveau manuel de survie : « La synergie entre communication et self-défense » co-écrit avec Bernardo.
On a fait un boulot phénoménal pour mettre en lumière ce que j'ai toujours prêché : le muscle le plus important en self-défense, c'est le cerveau.
Si vous voulez passer de l'étape « Je panique et je frappe » à « Je lis la situation, je désamorce et je gagne sans suer », ce livre est votre nouvel instructeur.
Achetez-le. Lisez-le. Et la prochaine fois que vous sentez la tension monter, souvenez-vous de Goliath. Souvenez-vous qu'une seule phrase, bien choisie, est plus puissante qu'un coup de poing.
Sur ce, je dois y aller. J'ai un jeu de cartes qui m'attend pour décoder les intentions de mon chat. C'est plus difficile qu'un détenu, je vous assure.
À très vite pour de nouvelles aventures !
Restez vifs, restez drôles, et surtout, restez en sécurité.
Francis - Mentaliste et Expert en Auto-Dérision (et en Sécurité, quand même)



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